Rencontre sous le soleil Californien, Elizabeth Ross, auteur du roman adolescent Belle Epoque

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  • Le 21/05/2017
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Photo  Belle epoque

Loin de son écosse natale, c’est sous le soleil californien qu’ Elizabeth Ross, auteur jeunesse, a accepté de nous rencontrer pour nous parler du succès de son premier roman Belle époque, un roman adolescent inspiré d’une nouvelle d’Emile Zola.

Belle Epoque c’est le portrait d’une jeune fille  Maude Pichon, engagée par une agence un peu particulière, dans le Paris du 19ème siècle. Cette agence est spécialisée dans la location de « repoussoirs », de jeunes filles au physique ingrat chargées de mettre en relief la beauté des jeunes aristocrates. Un sujet moderne qui prend tout son sens dans la ville de Los Angeles.  

Qu’est-ce qui vous a conduit à l’écriture ?

Ma première passion, c’est le cinéma. Je travaille dans le montage et je pense que le point commun, c’est de raconter des histoires. En tant que monteuse, j’adore ce que je fais, mais il me semble qu’à un moment, j’ai eu besoin de trouver ma voix. Travailler sur un film, c’est d’abord une collaboration, un travail d’équipe et j’ai ressenti la nécessité à un moment de développer ma créativité, à prendre le contrôle. En même temps, c’est aussi parfois très solitaire, ça me manque parfois toute cette collaboration que j’avais en tant que monteuse, c’est pourquoi je suis en train d’adapter le roman pour faire un script de cinéma.

Avant la sortie de votre livre, aviez-vous peur des réactions de vos lecteurs ? Est-ce qu’elles ont été positives ?

C’est terrifiant en effet ! (Rires) Quand on écrit, on est obligé de ne pas penser à la publication, de ne pas se demander si le livre va avoir du succès ou non, sinon personnellement, ça me bloque totalement. En même temps, c’est très dur de laisser partir ses personnages, de savoir s’arrêter de changer, de modifier. Quand j’ai envoyé le livre à l’éditeur, c’était vraiment la fin, je ne pouvais plus revenir sur mon texte et ça m’a rendu triste. J’espère que j’ai rendu justice a mes personnages. Le plus éprouvant nerveusement, ce sont les critiques dans les médias. Elles sont été plutôt positives donc cela m’a un peu rassurée. Mais ensuite ce qui est aussi éprouvant, ce sont les réactions des lecteurs, des adolescents sur Internet. Ce qui m’a le plus surpris, c’est le succès du livre en France. Il a été très bien accueilli, il a même reçu une récompense, le prix des Incorruptibles, et c’est une de mes plus grandes fiertés. Parce que bon, je ne suis pas française ! C’était très flatteur !

 

Quand écrivez-vous ? Est-ce que vous avez un rituel d’écriture ?

Ce qui est important c’est d’avoir un espace personnel. Je suis maman et j’ai besoin d’avoir un endroit pour écrire. J’ai aménagé un « studio » à l’extérieur dans le garage et je peux ainsi avoir un espace de travail et de réflexion. Au départ, j’avais mis le bureau devant une fenêtre, mais j’étais trop facilement distraite (rires) J’ai dû le mettre devant un mur pour mieux me concentrer. Je travaille beaucoup avec des visuels, je fais de recherches sur des peintures, des documents d’époque. Donc, je me suis fait un mur d’inspirations. J’essaie de me tenir à un certain rythme, mais la vie a tendance à m’interrompre ! Je me suis rendue compte que j’étais plus productive de bonne heure le matin, ensuite, je suis plus facilement distraite. Il faut également parfois savoir s’arrêter, aller se promener, même faire la vaisselle pour se changer les idées.

Que représente l’écriture pour vous ?

Je ne sais toujours pas si je me considère comme un auteur à plein temps. Je suis vraiment curieuse de raconter, de me glisser dans la peau d’un de mes personnages. Toute fiction est quelque part autobiographique, on est obligé d’y mettre un peu de soi, de son expérience, de sa vie personnelle. Je me sens particulièrement connectée aux personnages de « vilain petit canard », des laissés pour compte.

Travaillez-vous à un nouveau projet ? Pensez-vous que votre écriture a évolué ?

Je travaille actuellement sur mon second roman. Je n’ai pas encore de titre, alors je l’appelle livre numéro 2. Je vais m’inspirer des films noirs, l’action va se passer en 1946, à Hollywood dans le milieu du cinéma. Bien entendu, mon personnage principal sera une jeune fille venue d’Allemagne en 1938, qui doit se réinventer aux Etats Unis. Je ressens les mêmes sentiments de doute et d’incertitude que lorsque j’écrivais mon premier livre, mais en même temps j’ai une vision plus globale de la façon dont cela va se passer, donc c’est un sentiment un peu diffèrent. J’ai besoin de temps pour réfléchir à mes idées, aux personnages, je ne suis pas capable d’écrire d’un jet. Mais bon, chaque écrivain est sans doute différent.

Que représente Los Angeles pour vous ?

Aha ! (Sourire, Hésitation ) Je pense que Belle Epoque était ma lettre d’amour à Paris, donc mon prochain livre sera ma lettre d’amour à Los Angeles, avec toutes les contradictions de cette ville. Los Angeles est une ville mystérieuse : elle a plusieurs niveaux de lecture. Quand on passe au-dessus de la surface, des scènes de cinéma justement, on atteint un autre niveau. C’est aussi une ville en conflit avec d’un côté le béton et les constructions humaines et de l’autre, son rapport à la nature, à la vie sauvage. On rencontre des coyotes, des ratons laveurs, des animaux sauvages à Los Angeles.

Quels conseils donneriez-vous a des lecteurs rêvant d’être écrivain ?

Un basique : Ecrire. Garder un petit carnet, écrire tous les jours, toutes les idées, les conversations entendues dans un café. C’est juste une question de pratique … et de persévérance. Il faut être capable de passer au-dessus des doutes, sans être trop confiant, mais réussir à mettre de côté ses interrogations et continuer à écrire et à réécrire et à réviser, car l’écriture c’est cela aussi. Lire, relire… C’est très intéressant pour les étudiants notamment de se rendre compte de l’importance de retravailler son texte. Et bien sûr, pour moi la qualité principale d’un écrivain, c’est la curiosité. De se dire constamment devant un évènement ou une situation …. « Et si ça se passait comme cela plutôt ! » D’ailleurs, je ferais bien de suivre mes propres conseils et d’aller me remettre à écrire (rires !)

Elizabeth Ross Belle Epoque Laffont 2016 (disponible en anglais)

Interview réalisée par Marjorie Decriem 

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