Sac de voyage :Michel Serres vs Umberto Ecco

Ah mettre à profit les vacances pour se reposer, rattraper le manque de sommeil, mettre son esprit en mode procrastination et puis, un matin écoutez une émission de France Culture sur Umberto Eco ici

Et là, le cerveau se met à carburer...

Grande fan de Michel Serres, de son talent d'orateur unique qui en fait pour moi le conteur de notre société (un peu comme Fernandel qui racontait les histoires d'Alphonse Daudet durant mon enfance...si, j'avais la cassette..) Michel Serres donc un des seuls philosophes historiens des sciences à garder une humanité débridée m'a transporté à plusieurs reprises grâce à des conférences que je garde précieusement sur ma chaine YouTube. Cette facilité d'accès, doublé d'un talent exceptionnel pour incarner ces concepts les plus marquants dans des personnages très attachants est un véritable enchantement, on se cultive en souriant...

 

Je suis très attachée à Petite Poucette, cet archétype qui incarne les élèves de tous horizons développant des capacités insoupçonnées dont  l'école ne sait pas encore que faire, renversant tous les ordres politiques, sociaux religieux a petits coups de pouces. Petite Poucette a littéralement le monde dans ses mains, ce qui depuis Louis XIV était devenu totalement impensable. Michel Serres d'un incommensurable optimisme, regarde sa petite Poucette avec beaucoup d'espoir et d'affection. Il se rend bien compte néanmoins que la mémoire, qualité qui définit l'être humain avec l'imagination et la raison, n'a plus de raisons d'être. C'est l'image de la statue de Saint Denis qui tient sa tête dans ses mains, nous tenons désormais notre mémoire au creux de notre smartphone.

C'est là où je rejoins le propos d'Umberto Ecco qui parle aussi d'une perte de la mémoire. On n'a plus besoin d'apprendre par cœur des numéros de téléphone ou des dates dans la mesure où nous consignons numériquement toutes nos connaissances, cela instaure également des bouleversements sociaux. Si on oublie l'histoire, le passé, comment faire avancer notre société? Là où Michel Serres revendique une troisième révolution (après l'écriture et l'industrie), Umberto Ecco établit le caractère ineffable de la littérature. Il explique avec beaucoup de tendresse que là où nous oublierons l'actualité, les massacres en Irak, nous nous rappellerons de la mort d'Anna Karénine.

Bien entendu, les deux points de vue s'inscrivent dans deux dynamiques différentes Michel serres est un philosophe humaniste et conteur ,Umberto Ecco est sémiologue et romancier. Il ne s’agit pas de valider l’une ou l’autre des conceptions en réduisant par là notre vision du monde. Il s’agit plutôt à l’air du réseau de partager les connections qui peuvent exister entre différents penseurs et par ces liens, établir des possibles, se rendre compte des différents chemins que nous pouvons prendre et par ce biais la , en ce qui me concerne en tout cas réfléchir sur les valeurs que je veux transmettre dans mes pratiques pédagogiques J’avoue qu’entendre la voix merveilleuse d’Umberto Eco à qui l’on demande des conseils pour vivre dans la société de demain répondre simplement « Lire ! » m’a fait un bien extraordinaire !!!!

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire